Origines du Krav Maga
Pour une fois, ce n’est pas le Japon ni la Chine qui sont à l’origine directe d’une méthode de combat, mais, un peu plus près de nous, le Moyen-Orient. Issu de la tourmente européenne des années 30 et 40, le «Krav Maga» a d’abord été conçu pour les militaires de Tsahal, avant de partir à la conquête du monde entier. En France, le Krav Maga est affilié à la FFKarate depuis trois ans (NdR : 2005).
Extrait de l’interview de Richard Douieb (NdR : il était 6ème dan et coordinateur technique en 2008) par E. Charlot.
Qu’est ce que veut dire « Krav Maga » et quels sont les principes de la méthode ?
En Hébreu, « Krav » veut dire combat et « Maga contact. Il s’agit d’une méthode originale de défense destinée au départ à l’armée et qui repose sur des principes liés à l’expérience du combat. Des mouvements simples, les plus courts possibles -car il s’agit dans la ces d’une réponse à une attaque, de gagner du temps sur le mouvement de l’agresseur- et automatisés, car de bons réflexes peuvent sauver une vie. Mais un bon spécialiste de chez nous, qui a aussi une expérience d’autres disciplines, pourra y greffer un système de projection ou de clés par exemple. Il faut juste faire en sorte de ne pas être blessé, donc d’agir vite et de façon décisive, sans laisser à l’agression le temps de se développer. À l’entraînement, notre souci majeur est de ne pas créer d’à priori, de type règlement sportif, pour garder l’esprit ouvert et pertinent dans une situation de combat libre.
Pourquoi offrir un « close-combat militaire » à des civils, dans quel état d’esprit le faites-vous ?
Paradoxalement, les méthodes à mains nues n’ont plus guère de sens pour des unités armées. En revanche, elles restent utiles dans la vie des gens normaux, ou pour des professionnels de la sécurité par exemple. Nous tenons à notre particularité, à notre corpus technique et à notre méthodologie, mais sur le plan psychique on peut considérer le krav maga comme un art martial, au sens où, chez nous aussi, l’enseignant est essentiel : c’est lui qui fait en sorte de limiter l’esprit paranoïaque qui existe parfois dans certains enseignements de self-défense, et qui amène la dimension éthique et les principes de la loi. Pour le reste, je dirais que le krav maga, comme le tennis, l’escrime ou le karaté. ça ne sert à rien, mais c’est bon pour tout. On peut se piquer au jeu, cela fait du bien, comme toute passion. Spécifiquement, notre méthode amène une véritable confiance en soi. La peur est une arme, un moyen de pression et d’exploitation y compris pour les « pseudo-enseignants ». Apprendre à être clairvoyant et sûr de soi, sentir d’où viennent les menaces réelles, c’est précieux.
Le créateur
Le père d’imaich, dit Imi, Lichtenfeld etait au début du XXème siècle, un détective réputé, chef instructeur de la Police de Bratislava. Imi lui-même devint un jeune sportif engagé sur tous les fronts et brillant en lutte, en boxe, en gymnastique. Du fait de l’activité de son père, et bientôt des siennes -car avec la montée des extrémismes européens, il s’engagea bientôt dans la lutte et devint le chef d’un groupe de défense-, son intérêt pour la self-défense fut précoce. Ses expériences de l’affrontement direct lui donnèrent de nombreuses indications sur le sujet. Poussé à la fuite, Il finit par arriver en Palestine, combattant d’abord avec les Anglais contre les Allemands, puis contre les Anglais dans le combat pour l’édification du futur État d’Israël. On lui allouera une salle et la responsabilité de former les forces de la Haganna, organisation qui sera l’origine de la création de Tsahal, l’armée israélienne, dans laquelle il sera en charge de l’éducation physique et de l’enseignement de sa méthode de self défense jusqu’à sa retraite en 1964. Imi Lichtenfeld est mort en 1998, tandis que ses premiers élèves et la génération suivante, diffusaient sa méthode par le monde avec beaucoup de succès, notamment vers les spéciaux. Arrivée peu à peu à maturité, la discipline est largement diffusée dans le grand public.