Il était une fois, au Japon…
Alors que le soleil se couchait derrière la chaîne de volcans et que le cours se finissait, le maître rassembla ses disciples autour de lui, sur le tatami, pour le traditionnel mondo. Les enfants assis en seiza, les mains sur les cuisses, firent le silence. Le maître prit la parole :
“ – L’un d’entre vous veut-il poser une question ?
– Senseï, pourquoi l’emblème de notre école, notre mon, est une fleur de kiri ?
– Je vais te répondre. Sais-tu ce qu’est un phénix ?
– Oui, senseï. Le phénix est un oiseau magique qui renaît de ses cendres.
– C’est exact, jeune disciple. Mais, il te faut savoir que le phénix porte sur la tête le symbole de la vertu d’humanité, sur les ailes la conformité morale, sur le dos la justice, sur la poitrine la bienveillance et sur le ventre la bonne foi. Elles sont toutes d’importantes vertus. La légende dit que cet oiseau ne peut se poser que sur un seul arbre. Les japonais l’appelle kiri. Les savants le nomment Paulownia Imperialis. Sa fleur est donc un symbole de grande vertu. Cette fleur, seule digne du phénix, est aussi une distinction que l’Empereur remit à l’un des pères fondateurs du Japon, le daimyo Toyotomi Hideyoshi.
– Senseï ! Et pourquoi notre école s’appelle Gorinkan ?
– Gorinkan signifie alliance des cinq cercles : la Terre, l’Eau, le Feu, l’Air et le Vide. De cette alliance se fait l’équilibre. La Terre est le socle de notre discipline, c’est l’entraînement. L’Eau est essentielle à la vie, se sont les techniques fondamentales que l’on doit connaître. Le Feu est la vitalité, l’intensité que l’on doit mettre dans le duel. L’Air représente les points faibles de ton adversaire que tu dois analyser. Le Vide est celui que tu dois faire dans ton esprit, la concentration que tu dois acquérir en combat. ”
Les enfants opinèrent aux paroles de leur maître et effectuèrent leur salut traditionnel avant de quitter le dojo.